Textes du quatrième de couverture du mémoire

Les Rois de Rome constitue donc en quelque sorte la troisième partie d'une longue exploration. Il est le fruit d’une série de cours et de séminaires tenus pendant plusieurs années à l’Université de Louvain à l'intention des étudiants en licence en histoire et en philologie classique. Plusieurs de ses chapitres ont fait l’objet d’un cycle de conférences à l’Université de Fribourg (Suisse) et la matière a également nourri de nombreux exposés en Belgique et à l’étranger devant des publics très divers. C’est l’ensemble de la tradition sur les rois, de Romulus aux Tarquins, qui fait l’objet d’un examen attentif dans cet ouvrage à nette orientation méthodologique.
Centré sur les rapports difficiles entre la tradition et l’histoire, il paraît à un moment où se pose une nouvelle fois avec acuité le problème de l’interprétation des découvertes archéologiques, et où l’on voit d’éminents fouilleurs se fourvoyer dans leurs reconstructions historiques parce qu’ils tentent d’interpréter leurs trouvailles à la lumière d’une tradition littéraire dont ils ne saisissent ni la nature ni les spécificités, et qu’ils lisent au premier degré.
Après un exposé détaillé de la réalité complexe et multiforme qu’est la tradition, le livre propose deux séries de développements, la première consacrée à des questions d’historicité (les caractéristiques de nos sources, la méthode proposée, ses applications), la seconde à des questions de composition (les motifs grecs, les anachronismes, les étiologies, l’héritage indo-européen avec une réévaluation de la signification des travaux de Georges Dumézil). Il rappelle sans compromission certaines règles élémentaires de méthode, et la leçon qui s’en dégage est qu’on ne peut pas utiliser les textes littéraires n’importe comment : pour le faire correctement, il faut d’abord et avant tout bien en connaître les particularités.
En fait, cette étude ne s’adresse pas seulement aux historiens de l’Antiquité et aux spécialistes des textes narratifs grecs et latins. L’optique méthodologique adoptée devrait attirer l’attention de tous ceux qui, quelle que soit leur spécialité, se préoccupent des rapports de l’histoire avec la légende, le mythe ou la tradition.

Membre de l’Académie royale de Belgique, l’auteur, né en 1935, enseigne depuis 1968 à l’Université de Louvain-la-Neuve et aux Facultés universitaires Saint-Louis de Bruxelles. Une partie importante de ses recherches porte sur les origines des récits légendaires, leur nature, leur composition, leur évolution et leur rapport à l’histoire. Sur ce thème, il a publié une cinquantaine d’articles et deux livres, intitulés l’un Recherches sur la légende sabine des origines de Rome (Louvain 1967), l’autre Les origines de Rome (Bruxelles, 1985).

Photo : Cippe du Lapis Niger, avec inscription boustrophédique ; vers 580 a.C. (Soprintendenza Archeologica di Roma).