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Lieu
Site
Bruxelles
Immeuble
Palais des Académies
Local
Écuries royales
Adresse
Rue Ducale 1, 1000 Bruxelles
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Inscriptions
clôturées
Vendredi 26 mai 2023 à 09 heures
Bruxelles – Palais des Académies – Écuries royales
Colloque
Nouveaux regards sur les migrations anciennes : archéologie, géochimie et génétique

COMPLET - Inscriptions clôturées

Président : Prof. S. Louryan, professeur à la Faculté de Médecine de l’ULB, membre de l’Académie royale de Médecine de Belgique, président de la SRBAP.


Programme :

9h : Jean-Paul DEMOULE, professeur à l’Université Panthéon-Sorbonne, auteur de « mais où sont donc passés les Indo-Européens » et de Homo migrans.
« Une histoire des migrations : quelques constantes ».

9h50 : Christophe SNOECK, professeur à la VUB.
« Migration et mobilité - L’apport des études géochimiques »

10h40 : pause-café

11h : Ségolène VANDEVELDE, Université du Québec à Chicoutimi.
« Nouvelles perspectives sur les migrations et la mobilité en préhistoire »

11h50 : pause

13h30 : Fanny MARTIN, professeure à l’Université de Namur
"Les Gaulois de nos régions étaient-ils des migrants germains ? Interroger les restes matériels pour approcher l'identité ethnique et les déplacements de populations à la fin de l'âge du Fer, en Gaule septentrionale"

14h30 : Céline BON, professeure au Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris.
« Ce que l'étude de l'ADN ancien nous dit, et ne nous dit pas, des migrations du passé »

15h20 : Marcel OTTE, Professeur Honoraire à l’U Liège.
« Les migrations paléolithiques ».


Objectif :
La société est confrontée sans arrêt à des débats relatifs aux vagues migratoires actuelles, lesquels véhiculent parfois l’idée d’une menace à l’encontre des équilibres géographiques et de la cohésion de la société. Par ce colloque, nous entendons montrer que le phénomène de migration a toujours été présent au cours des âges, et est une constante de l’espèce humaine. Nous ferons le point sur les méthodes scientifiques qui permettent d’analyser le phénomène.


Résumés

Une histoire des migrations : quelques constantes

Jean-Paul Demoule

Les migrations, constante de notre histoire, ont pu prendre des formes très diverses au fil du temps, des premiers lents déplacements des Homo erectus il y a deux millions d’années aux mouvements de colonisation récents, en passant par les conquêtes militaires, les traites esclavagistes, les exodes ruraux, les déportations forcées ou les mouvements de réfugiés, entre autres. Toutefois, on peut distinguer cinq principales constantes, communes à une grande partie de ces migrations. La première est la démographie, qui n’a cessé de croître de manière exponentielle, et particulièrement depuis le néolithique et l’invention de l’agriculture sédentaire, et a donc constamment poussé vers l’extérieur le trop-plein de population d’une région donnée. La seconde est la violence, qu’il s’agisse de la violence des conquêtes coloniales, des migrations forcées, ou même de l’exode rural qui, même sans contrainte directe, n’en a pas moins arraché des dizaines de millions de personnes à leur mode de vie traditionnel. La troisième constante est le métissage permanent auquel se livrent ainsi, de gré ou de force, les sociétés humaines, si bien que l’idée d’une permanence intemporelle de telle ou telle nation « venue du fond des âges », revendiquée par des mouvements nationalistes, n’a pas de sens d’un point de vue historique. La quatrième constante est que, toujours, le nouveau venu, l’étranger, le « barbare » (pour reprendre la terminologie des Grecs de l’Antiquité), fait figure de bouc émissaire et de responsable des difficultés du moment, même si on accepte de l’exploiter dans le même temps pour différents bas travaux. Enfin, la dernière constante est que, quoi qu’il arrive, les humains, en tant que primates sociaux, parviennent malgré tout à faire société, ce qui devrait permettre de rester optimiste quant à la suite de leur histoire.

Migration et mobilité - L’apport des études géochimiques

Christophe Snoeck

La mobilité représente un aspect fondamental de la vie. Que cette mobilité soit liée à une routine journalière ou a un changement majeur dans la vie d’un individu, son étude est fondamentale pour mieux comprendre la vie de nos ancêtres et les raisons se trouvant derrières leur mobilité : l’obtention de ressources, le travail, le climat, les conflits, le commerce, la famille, un choix personnel, etc.
De récents développements en géochimie isotopique ont permis d’obtenir de précieuses informations concernant la mobilité de nos ancêtres en extrayant différentes mesures directement de leurs os et dents. En effet, la composition géochimique de différents éléments de notre corps (os, dents, cheveux, etc.) est influencée par le type de nourriture que nous consommons et aussi par sa provenance géographique. En extrayant ses informations des restes osseux retrouves lors de fouilles archéologiques, il devient possible de reconstruire les mouvements d’un individu au cours de sa vie, de comparer ces mouvements entres différents individus d’un même groupe et entres différents groupes.
Cette présentation résume les récentes avancées géochimiques permettant ce type de recherche ainsi que des cas d’étude illustrant l’utilisation de ces méthodes pour mieux comprendre la mobilité de nos ancêtres. Un des sites présentés est le site préhistorique de Stonehenge où un grand nombre de restes humains calcinés ont été retrouvés.

Nouvelles perspectives sur les migrations et la mobilité en préhistoire

Ségolène Vandevelde

Chaque nouvelle découverte de site est exceptionnelle. Les découvertes de fossiles humains, les nouvelles datations et la reprise de sites anciens, chaque nouveau résultat nous permet d’avoir une meilleure compréhension et une vision d’ensemble plus complète des migrations humaines sur le long terme.

En complément, les données temporelles de haute résolution, comme les études de saisonnalité, donnent un aperçu précieux sur la mobilité des sociétés passées, associées aux déplacements des populations animales.

Aujourd’hui, les progrès techniques et l’étude d’archives telles que les spéléothèmes (stalactites, stalagmites, encroûtements pariétaux, etc.) offrent l’accès à de nouvelles données temporelles pour documenter les dynamiques d’occupation sur les sites archéologiques, et pour discuter de mobilité et de migrations avec des temporalités plus fines.

En effet, les spéléothèmes sont couramment présents dans les grottes et abris-sous-roches. Ce sont des archives avec une haute résolution temporelle d’enregistrement car ils sont formés de doublets annuels et fournissent donc une mesure fine du temps. Leur formation peut être séculaire (et donc plurigénérationnelle), ils sont directement datables, ce sont de très bonnes archives paléo-environnementales, et quand ils piègent des traces anthropiques (comme des pigments, ou de la suie), ce sont d’excellentes archives archéologiques des traces des activités humaines (comme celles laissées par les feux, contemporains des occupations humaines). Grâce à leur analyse, il devient possible de documenter la fréquence d’occupation des sites (en nombre d’occupations par an), la durée des phases d’occupation (quelques années, quelques dizaines d’années, un siècle, ou plus), la saisonnalité et les rythmes de ces occupations.

À travers la présentation de plusieurs exemples de sites, du Paléolithique moyen aux périodes historiques, nous montrerons comment ces nouvelles données temporelles permettent aujourd’hui d’étudier la mobilité des sociétés passées directement à partir des données archéologiques, et non par analogie avec les modèles construits à partir des données ethnographiques.

Nous montrerons également comment ces données à haute résolution permettent de proposer des hypothèses de « rencontre » entre espèces humaines lors de vagues migratoires, là où les incertitudes liées aux datations radiométriques ne le permettaient pas jusqu’alors. Nous ouvrirons finalement sur les nouvelles perspectives qui s’offrent à l’archéologie, par la mise en place de dialogues entre les disciplines et approches sur la mobilité, pour explorer les relations entre sociétés et environnement.

Les Gaulois de nos régions étaient-ils des migrants germains ? Interroger les restes matériels pour approcher l'identité ethnique et les déplacements de populations à la fin de l'âge du Fer, en Gaule septentrionale

Fanny Martin

À la lecture des Commentaires sur la Guerre des Gaules de Jules César et des recherches historiques portant sur le nord-est de la Gaule, nos régions ont connu à la fin de l’âge du Fer et au moment de la romanisation des épisodes d’arrivées de migrants venus de Germanie, des massacres durant la guerre, et des déplacements de populations depuis outre-Rhin orchestrés par le pouvoir romain afin de repeupler les nouveaux territoires conquis. Cependant, ce tableau dressé en grande partie par la littérature ne nous offre qu’une image incomplète et biaisée de la réalité démographique, qu’il nous faut appréhender également au travers d’autres sources.
La contribution présentée ici reflète une enquête menée sur base des traces matérielles, qui a tenté de répondre aux interrogations suscitées par ce contexte géopolitique particulier du dernier siècle avant notre ère. Elle a été l’occasion d’explorer, en partant des restes parfois peu parlants, les modes de vie, la culture matérielle, et l’évolution de ces petits groupes situés en marge de la Gaule à travers la romanisation, mais aussi de s’interroger sur nos méthodes d’investigation et d’analyse, et de parfois revenir à des questionnements à la base de l’archéologie : Comment mettre en évidence des territoires tribaux ? Qu’est-ce qui reflète, dans ces vestiges matériels, l’identité tribale ou ethnique ? Comment identifier une extermination massive sans restes humains, ou faire la différence entre des déplacements de personnes et la circulation d’objets et d’idées ? La progression des outils d’analyse spatiale nous fournit aujourd’hui de nouvelles pistes pour appréhender les sociétés anciennes, au sein desquelles la mobilité a constitué de tous temps un facteur primordial d’évolution.

Ce que l'étude de l'ADN ancien nous dit, et ne nous dit pas, des migrations du passé 


Céline Bon

Depuis une décennie, la paléogénétique a connu un développement spectaculaire, modifiant profondément notre regard sur les migrations des populations humaines dans le passé. Comme pour la génétique des populations modernes, la paléogénétique se fonde sur l’étude de l’ADN. Les événements démographiques laissent des traces dans notre génome : les divergences de populations conduisent à l’émergence de variations génétiques entre les groupes, tandis que les métissages homogénéisent la diversité génétique. En donnant accès à la diversité génétique du passé, à partir d’individus contextualisés dans le temps et dans leur culture archéologique, la paléogénétique ouvre la porte à une reconstitution de plus en plus précise des mouvements migratoires dans le passé, de leur impact sur la biologie des populations, ainsi que leurs interconnections avec les transformations culturelles et sociales.

Ainsi, en quelques années, l’étude de l’ADN ancien a permis de démontrer le rôle des mouvements massifs de population dans la diffusion du mode de vie Néolithique, en Europe et ailleurs ; des migrations de populations des steppes en Eurasie à partir de la fin du Néolithique ; ou les phénomènes complexes à l’origine du peuplement de l’Amérique. Elle permet également d’éclairer les processus à l’œuvre dans ces phénomènes, que ce soit leur rythme, ou le rôle respectif des femmes et des hommes.
L’accumulation de données, et en particulier l’étude de corpus de plus en plus larges, met en évidence d’autres phénomènes, plus discrets, à l’échelle parfois individuelle : ainsi, la Protohistoire est marquée au Proche et Moyen Orient par une homogénéisation génétique progressive, due à l’augmentation des contacts entre groupes. De la même façon, le développement de l’Empire Romain se traduit par des déplacements de migrants venus de toute sa zone d’influence vers la capitale.

Même si ces analyses sont très prometteuses pour le futur, elles ne sont pas sans nuances. Retrouver de l’ADN ancien n’est déjà pas possible dans tous les contextes, à toutes les périodes, à cause de la dégradation du matériel génétique.
Mais d’autres difficultés sont plus fondamentales : ainsi, la mise en évidence d’une migration ne sera possible que si la population migrante et la population locale ont accumulé suffisamment de différences génétiques. De plus, les études paléogénétiques ne prennent en compte que les mouvements de population ayant un impact sur la biologie des populations. Ainsi, il est nécessaire que la personne migrante se reproduise ou décède sur le territoire où elle a migré pour laisser une trace identifiable.

Par conséquent, si les études paléogénétiques ouvrent un nouveau champ pour l’étude des migrations passées, de l’échelle populationnelle à l’échelle quasi individuelle, elles n’éclairent qu’une partie de l’ensemble des phénomènes sociaux recouvert par le terme de « migration ».

Les migrations paléolithiques

Marcel Otte

Le continent européen a été colonisé pour la première fois à partir d’environ un million d’années. Ces migrations originelles furent à la fois venues par voies continentales à partir de l’Asie et d’Afrique par Gibraltar et le détroit de Sicile. Il s’agissait de différentes formes d’Homo erectus, de Dmanisi (Géorgie) à l’Arago (Pyrénées orientales), en passant par Bilzingsleben (Saxe-Thuringe).
A partir de six cent mille ans, une migration majeure affecte l’Europe du Sud-Ouest en apportant la technique bifaciale (Acheuléen). Toutes possédaient déjà le feu et l’usage du bois. Cette migration acheuléenne, superposée aux industries archaïques, s’estompe à la vallée du Rhin.
Chacune de ces régions a poursuivi son évolution en interne vers le paléolithique moyen (méthode Levallois) et les Néandertaliens. Des délimitations culturelles régionales se définissent clairement dans ce vaste ensemble continental. Toutefois, de courtes périodes migratoires montrent le passage de l’une à l’autre épisodiquement. Cette « histoire » se déroule à partir de trois cent mille ans.
Les migrations des hommes modernes se sont faites en plusieurs vagues, venues de l’Est, à partir de 40.000 ans. L’Aurignacien semble provenir du Moyen Orient (Zagros).Le Gravettien semble issu de l’Asie Centrale (Ouzbékistan, Altaï). Il est difficile d’estimer la cause de ces mouvements radicaux, amples et définitifs. Mais ils ont introduit de nouvelles coutumes comme l’art et l’outillage osseux. La démographie était aussi beaucoup plus importante (basée sur le nombre de sites).
Les migrations sont alors perceptibles au sein de l’Europe, entre les différentes unités ethniques qui traversent tout le continent. Vers le milieu de la période (vingt mille ans), une influence africaine se fait à nouveau sentir à partir de Gibraltar, jusqu’à la Loire (Solutréen).
Ces populations sont restées fixes, avec de courtes migrations saisonnières, jusqu’au Néolithique. Les cycles migratoires internes ont connu une moindre ampleur, comme la migration magdalénienne, étendue du Bassin parisien à la Thuringe. La région de Hambourg était en contact direct avec les actuelles Îles Britanniques, lorsque la mer du nord était exondée laissant place à une vaste steppe. La migration c’est alors faite du continent vers l’Angleterre, où un mésolithique local très riche sera constitué.
A la fin de l’ère glaciaire, toutes les populations européennes eurent tendance à se sédentariser (« Mésolithique »), facilitant l’absorption des tendances néolithiques externes issues des aires balkaniques (huitième millénaire).
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Nouveaux regards sur les migrations anciennes : archéologie, géochimie et génétique