Le traitement des infections bactériennes redevient un défi majeur en raison de l’adaptabilité rapide des bactéries à leur environnement. Une première raison est la résistance: les bactéries acquièrent des modifications génétiques qui rendent les antibiotiques inefficaces. Elle est favorisée par l’utilisation massive d’antibiotiques, surtout mal dosés. Une seconde raison plus insidieuse est la tolérance : les bactéries adoptent des modes de vie particuliers non répondants aux antibiotiques. Cette stratégie se compare à celle du cheval de Troie: se cacher et resurgir au moment opportun pour gagner la bataille. Ainsi, les bactéries sont capables de survivre dans nos cellules ou de former des biofilms en adhérant aux tissus ou au matériel biomédical implanté et en produisant une matrice protectrice. Dans ces niches, elles s’adaptent, modifient leur métabolisme pour devenir dormantes. Comme la plupart des antibiotiques interfèrent avec la multiplication bactérienne, ils ne peuvent plus exercer leur activité. Au retrait de l’antibiotique, les bactéries retrouvent leur capacité de multiplication et s’échappent des cellules ou du biofilm, causant une résurgence de l’infection. Si le microbiologiste analyse les bactéries de ce nouveau foyer, elles sont génétiquement identiques aux bactéries de la primo-infection. Leur séjour dans le cheval de Troie leur aura permis d’échapper aux antibiotiques à moindre coût ! Nouveau défi pour la recherche: comment les sortir de leur hibernation ?