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14 janvier 2021
Interpellation commune ARB-KVAB : « Les Académies plaident pour une transition accélérée vers un avenir durable »
Avant l’apparition de la pandémie, un large consensus s’était dégagé sur la nécessité de combattre rapidement et énergiquement le changement climatique qui met gravement en péril nos sociétés et les écosystèmes dont nous dépendons. Il était cependant difficile d’imaginer ce que pouvait représenter l’émergence d’une crise à l’échelle planétaire.

La pandémie du COVID 19 vient de l’illustrer ! Elle a mis en évidence l’extrême vulnérabilité de nos sociétés avancées. Ce virus a non seulement créé une crise sanitaire mondiale mais il a paralysé l’économie et causé des problèmes sociaux majeurs en affectant davantage les populations les plus précaires. Cette crise a aussi engendré une prise de conscience des fonctions essentielles au bon fonctionnement de la société, fonctions souvent dévalorisées. Elle nous a enfin rappelé l’importance de la solidarité face à l’individualisme. Le rôle indispensable des pouvoirs publics, qui sont les garants de cette solidarité ainsi que des intérêts et biens communs, a retrouvé toute son importance après avoir été trop souvent dénigré.

Afin de maîtriser la pandémie, les pouvoirs publics, aussi bien au niveau de l’Union européenne, que des États et des Régions, ont dégagé en un temps record une quantité énorme de moyens alors qu’il paraissait totalement impossible de faire un effort financier similaire pour s’attaquer au changement climatique. Ce péril est pourtant encore beaucoup plus grand que celui de la pandémie mais son échelle de temps fort différente en rend l’urgence moins perceptible.

Face à une situation aussi critique dès maintenant et dans un futur proche, les Académies ne peuvent rester passives. Leur rôle de conservation et de promotion de la connaissance scientifique, de contribution au progrès, à la prospérité et au bien-être de la société à laquelle elles appartiennent, en fait des acteurs majeurs dans cette période troublée où population et gouvernants ont besoin de positions éclairées, indépendantes de tout intérêt particulier, politique ou économique.

Pour cette raison l’Académie royale de Belgique (ARB) et la Koninklijke Vlaamse Academie van België (KVAB) ont décidé d’unir leurs forces et de réfléchir aux différentes problématiques interdépendantes qui se posent. Fortes d’une vision à long terme, les deux Académies apportent leur expertise afin de contribuer à la juste perception de ces problématiques et à la définition des trajectoires à suivre pour gérer la grande transition à laquelle l’Europe et la Belgique en particulier sont confrontées. Cette démarche peut dès le départ compter sur l’appui des associations académiques européennes dont ces Académies sont membres. Tous les domaines devront pouvoir être abordés en concertation étroite avec les Académies de Médecine.

Ainsi l’Association européenne des Académies des Sciences (EASAC) a publié une prise de position fort complète, recueillant notre adhésion. Mettant l’accent sur la nécessité de fonder toutes les démarches et décisions sur les connaissances et les preuves scientifiques, ce document souligne la nécessité absolue de réaliser le redémarrage économique tout en prenant en compte l’urgence climatique. Le plan de relance européen (Recovery Plan) basé sur le Pacte Vert (Green Deal) doit en être la référence (Session keynote of U. von der Leyen at the US National Academy of Medicine 50th anniversary, Oct 19 2020 -
Responding to global crises: Future directions in science and policymaking to address complex threats to society
https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/SPEECH_20_1952).

Seule une action cohérente et ambitieuse au niveau de l’Union européenne peut permettre d’atteindre les objectifs nécessaires, non seulement pour elle-même mais aussi au niveau mondial en faisant preuve de leadership. Les recommandations du GIEC (IPCC) sur le changement climatique tout comme celles de l’IPBES (Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services) sur la préservation de la biodiversité doivent servir de guide, tout en prenant en compte les 17 objectifs de développement durable de l’ONU.

Les défis auxquels nous sommes confrontés sont d’une ampleur et d’une complexité telles que toutes les sciences, humaines et exactes, doivent contribuer à établir les diagnostics, à définir les objectifs et à participer à la mise en œuvre des solutions. Mais si les diagnostics et objectifs sont déjà relativement clairs tout en restant à affiner, l’implantation pratique de ces solutions constitue un challenge particulièrement ardu dans lequel les technologies existantes ou en développement joueront un rôle majeur. Le choix difficile de celles-ci et des scénarios de leur mise en œuvre doivent se faire en toute rigueur scientifique, en dehors de toute considération idéologique. C’est dans ce domaine que le groupe de travail commun consacrera l’essentiel de sa démarche. Le groupe de travail pourra bénéficier de l’appui de l’association européenne des Académies des Sciences appliquées, des Technologies et de l’Ingénierie (Euro-CASE) qui a pris à ce sujet une position en totale cohérence avec l’approche proposée.

Euro-CASE a déjà joué et joue toujours un rôle important dans le mécanisme d’avis scientifique (SAM) destiné à la Commission européenne. Relevons en particulier les travaux et les recommandations d’Euro-CASE dans deux problématiques majeures : la transition vers une énergie décarbonée et la société numérique. La transition énergétique est vraisemblablement le problème mondial le plus complexe à résoudre dans le délai restant disponible pour atteindre les objectifs fixés. Et au-delà de la complexité technologique, des besoins de financement, de la capacité d’implantation des technologies, rien ne pourra se concrétiser sans pouvoir compter sur l’adhésion des populations à des décisions difficiles. Celles-ci auront un impact majeur sur leurs modes de vie. Sans prise en compte des impacts sociétaux et culturels de ces politiques et sans un grand souci de justice sociale, de solidarité et des valeurs auxquelles les populations sont attachées, toute décision pourtant nécessaire sera inévitablement vouée à l’échec. Le rôle des Académies, riches de la multidisciplinarité de leurs composantes qui vont au-delà des sciences exactes et de la technologie, sera d’autant plus important.

Dans ces deux problématiques majeures identifiées, la Belgique est loin d’être la meilleure élève au sein de l’Union européenne. Malgré sa taille modeste, la qualité et la quantité des compétences dont elle dispose doivent cependant lui permettre de se positionner parmi les pays de référence, dans ces domaines comme dans tous les autres.

Nos deux Académies joignent leurs forces et se mettent à la disposition de notre société pour contribuer à la réalisation des objectifs fixés dans le cadre du Pacte vert européen (Green Deal). Mais elles n’y arriveront pas seules ! Fortes de leurs liens avec les secteurs scientifiques, culturels, économiques, industriels et politiques, elles lancent un appel solennel aux pouvoirs publics, à tous les acteurs de la société civile ainsi que tout particulièrement aux associations entrepreneuriales et industrielles de tous secteurs pour relever les défis en s’engageant résolument sur la route du développement durable, qu’elles qu’en soient les difficultés.

Version néerlandophone
Documents
Interpellation commune ARB-KVAB : « Les Académies plaident pour une transition accélérée vers un avenir durable » - format pdf
Gemeenschappelijke mededeling ARB-KVAB: "De Academies pleiten voor een versnelde transitie naar een duurzame toekomst" - format pdf
Common statement ARB-KVAB: “The Academies plead for an accelerated transition to a sustainable future” - format pdf