Poète et traducteur, Aldo Capasso a joué un rôle crucial en tant que médiateur de la poésie et de romans d’Albert Ayguesparse en Italie, dans les années 1950 et 1960, la période de ce qu’on a appelé le « miracle économique italien » ou « boom », où la production s'accélère dans tous les domaines, y compris l’édition.
Il existe 124 lettres que Capasso a adressées à son « très cher Ami » Ayguesparse et que j’ai découvertes aux Archives et Musée de la Littérature de la Fédération Wallonie-Bruxelles (AML). Il en ressort un contexte dans lequel les protagonistes sont, pour la Belgique, les poètes de la tendance « néo-classique », les revues Marginales, Le journal des poètes, Les Cahiers du Nord, et pour l’Italie, toute une série de revues (Arte Stampa, Realismo lirico, Il giornale dei poeti) qui s’opposent à l’hermétisme, veine poétique dominante à l’époque. La poésie d’Ayguesparse (et néo-classique, en général) y est présentée comme une alternative à l’hermétisme d’une part, et au néoréalisme de l’autre, et elle est intégrée dans le mouvement « Realismo lirico », anti-hermétique, que Capasso avait créé. C’est encore Capasso qui est à l’origine de la stratégie éditoriale « belge » de la maison d’édition italienne Fazzi, qui commence son aventure en 1966, en publiant 4 volumes de littérature belge.
L’amitié entre Capasso et Ayguesparse se positionne ainsi dans le contexte des échanges et transferts culturels entre la Belgique et l’Italie.